#SurLeDivanDesArts
Un autre regard sur les troubles psychiques.
La campagne
Une série de 10 épisodes consacrée aux liens entre les troubles psychiques et l’art
Sur le Divan des Arts est une série d’entretiens vidéos autour des troubles psychiques et de l’art. Auteur.e.s de bande dessinée, peintres, chorégraphes, réalisateur. rice.s… se succéderont pour échanger, à partir de leur projet, sur la façon dont ils travaillent, dont ils l’ont construit dans le temps.
Chaque épisode se concentre sur une question, un moment de l’écriture, la première photo, la première intention, une scène coupée au montage, le soir d’une représentation, une remise en question ou une prise de conscience…
Mais également pour parler de la façon, dont l’art, à travers la narration de vécus divers et différents, nous parle des troubles psychiques, de ses symptômes, de la place et l’influence que prend la maladie dans sa vie, du cheminement, de la façon de vivre avec ses troubles, de travailler avec, d’être mère, ami.e, mais aussi des institutions, de la stigmatisation, du parcours jusqu’au diagnostic et de l’invisibilisation de ses vécus.
Le contexte
Pour les personnes atteintes de troubles psychiques et pour leurs proches, à la souffrance de la maladie s’ajoute le poids du silence et de la stigmatisation. Le stigma autour des troubles a un double effet délétère : il isole les personnes touchées et entrave les soins qui permettent d’avancer vers le rétablissement. La Fondation Pierre Deniker pour la recherche et la prévention en santé mentale a pour mission, à côté de son rôle dans la recherche et l’information, de déstigmatiser et de changer le regard sur la maladie mentale. C’est dans le cadre de cette mission, que cette série d’entretiens, SUR LE DIVAN DES ARTS, a été développé.
L’écoute et la parole autour de la santé mentale se sont ouvertes ces dernières années, entrainées par la pandémie de covid. Notre mode de vie a changé du jour au lendemain, cette situation sans précédent pour bon nombre d’entre nous a amené beaucoup d’angoisse, de peur et de souffrance psychique. Se confrontant tous à des moments éprouvants, des événements impactants notre santé mentale, nous avons pu échanger autour de celle-ci, nous écouter.
La pandémie de covid a mis en lumière que la santé mentale et les troubles psychiques nous concernent tous. Le début d’un long combat a été lancé. Un combat collectif au sein duquel il faut continuer à lutter contre les préjugés, à ouvrir des espaces de dialogue, à créer des contenus d’informations, accessibles à tous. Dans le but de faciliter la prise de conscience, la parole et l’orientation vers un parcours de soin.
La série
Épisode 1 : Pénélope, Mon Amour
Pour le premier épisode de notre série ‘sur le divan des arts’, nous avons invité la réalisatrice Claire Doyon à échanger autour de son documentaire Pénélope, mon amour. Sortie en salle à l’automne dernier, nous l’avons rencontrée lors de sa tournée pour présenter son film. Un jour en ouvrant un placard qui contenait des rushs de quinze ans de sa vie, sur des cartes mémoires, des bobines super huit, des cassettes DV, Claire Doyon commence à écrire un film sur sa relation avec sa fille Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Portrait intime du parcours d’une mère, Pénélope, mon amour retrace les différentes étapes et points de bascule depuis la naissance de sa fille.
Les premières interrogations, le choc du diagnostic de l’autisme puis du syndrome de Rett, annoncé par un courrier postal, la déclaration de guerre, les différentes méthodes testées et les spécialistes vus, les voyages pour trouver d’autres solutions, et puis l’abdication, l’acceptation et la découvert d’un autre mode d’existence. Dans ce cheminement, filmer fut tour à tour, un acte de survie, une arme, un bouclier et un moyen de rentrer en relation avec Pénélope.
Dès le départ, je filmais avec une autre intention que le film de famille. Je filmais parce que je n’arrivais pas à sauver ma fille. Je filmais l’impasse dans laquelle je me trouvais, la réalité contre laquelle je me cognais. J’ai voulu dessiner la trajectoire d’un personnage qui traverse des étapes, comme dans un film de fiction. Quand tout s’écroule, quel récit va nous permettre de remonter en selle ?
Épisode 2 : "Les intranquilles" avec Joachim Lafosse
Après la dernière hospitalisation de son père, atteint de trouble bipolaire, Joachim Lafosse et son frère jumeau, alors âgés d’une quinzaine d’année, se disent qu’il faudra, un jour, en faire un film.
Neuvième long métrage de ce réalisateur belge, mais premier directement inspiré de son histoire personnelle et de ses souvenirs d’enfance, les Intranquilles nous plonge dans le quotidien d’une famille confrontée au trouble bipolaire du père. Ils vivent avec leur enfant Amine, dans une maison à la campagne. Leïla est ébéniste et restaure des meubles, Damien est peintre.
Que se passe-t-il quand quelqu’un perd pied ? Dans un couple ? Dans une famille ? Jusqu’où peut-on s’engager en amour ? À quel moment le soin devient sacrifice ? Film organique et sensoriel, les Intranquilles nous parle de ce que c’est de vivre avec un trouble bipolaire, pour la personne diagnostiquée, mais aussi pour l’entourage, de la violence que peut revêtir le quotidien, du risque une fois le diagnostic posé de tout voir par son prisme, la crainte de la rechute, l’isolement.
Ni l’un, ni l’autre ne souhaitent être figés dans un rôle. Leïla refuse de n’être qu’une infirmière, elle se rend compte qu’elle a cédé et qu’elle s’est oubliée. Elle veut rester une amante, une mère, une décoratrice de meubles, une amie. C’est la même chose pour Damien. Il ne veut pas être qu’un malade, il lutte contre cela, il dit « Je suis aussi un peintre, un amour, un ami et un père » et je trouve cela bouleversant.
Épisode 3 : « Ensemble, on aboie en silence » avec Gringe
Deux ans après la sortie du livre, Gringe continue de témoigner, de faire des ateliers d’écriture, d’aller à la rencontre de patient, de lecteur, de faire circuler la parole autour de la schizophrénie et des troubles psychiques pour les déstigmatiser. Il est aussi parrain de la maison perchée, une communauté basée sur la pair-aidance et un lieu pour les jeunes concernés par un trouble psychique.
Aujourd’hui c’est devant notre caméra qu’il a accepté d’échanger autour de son livre : Ensemble, on aboie en silence qu’il a écrit avec son frère Thibault pour nous parler de la façon dont la schizophrénie de son frère a chamboulé leur fratrie et puis quelques années plus tard comment l’écriture de ce livre lui a permis de mieux l’appréhender.
Ce bouquin m’a permis de me rendre compte que mon frère n’avait jamais disparu, qu’il est resté le même toutes ces années et qu’il était beaucoup complexe que l’idée que je m’en faisais.
Épisode 4 : Le silence de ma mère
Dans ce quatrième épisode et à l’occasion de la journée mondiale contre la maladie d’Alzheimer nous avons le plaisir d’accueillir sur le Divan des Arts, le photographe Alain Keler.
En 2003, après le décès de son père, Alain Keler accompagne sa mère, diagnostiquée Alzheimer 8 ans plus tôt, en maison de retraite où elle finira ses jours. À chacune de ses visites, il la prend en photo. Ces photographies sont regroupés dans le projet « Le silence de ma mère », dont nous allons parler dans cet épisode.
Ce nouvel épisode est un peu spécial puisqu’on n’y parle non pas de troubles psychiques mais de maladie neurodégénérative.
Et avec une série de photographies tout aussi spéciale, car dans la monographie d’Alain Keler, c’est la seule en couleur et en polaroïd.
Aujourd’hui, je pense que j’aimerai l’entendre parler. Mais je ne peux plus rien lui demander. Alors à chaque fois que je lui rends visite, je fais une photo. Parfois c’est facile, d’autres fois j’ai du mal. C’est ma manière de communiquer avec elle, de lui dire que je suis un peu là, toujours photographe.
Épisode 5 : Les Maux Bleus
Cette semaine Sur le Divan des Arts nous avons eu l’honneur de discuter avec Mickaël Worms-Ehminger au sujet de son podcast Les Maux Bleus. Les Maux Bleus c’est plus qu’un podcast, c’est une communauté, c’est un univers dont l’image est signée par l’illustratrice Manon Combe et la musique par Alex Rocher.
Au centre de ce podcast, composé de témoignages de personnes confrontées directement ou indirectement à la maladie mentale, proches, sœurs, frères, enfants ainsi que des professionnels de la santé, la volonté de déstigmatiser, de donner accès à des ressources fiables, d’aller vers une meilleur compréhension de la santé mentale et de ses troubles.
Les premiers signes, un diagnostic ou une errance de diagnostic, une prise en charge, un déni, un accès aux soins, une ou plusieurs rechutes, la peur de la rechute, un rétablissement, la reprise de pouvoir sur sa vie. Il n’y a pas un parcours type. Il y a différentes souffrances et chacun.e.s des intervenant.e.s essayent de mettre des mots dessus, des mots pour faire un point sur son parcours, des mots pour dire que c’est possible d’aller mieux, d’aller bien.
Si j’avais un message à faire passer, c’est vraiment de rappeler à tout le monde que rien n’est irréversible. Des situations peuvent nous arriver, mais on peut toujours s’en sortir. Ça peut être très difficile. En allant puiser au fond de soi les ressources dont on dispose, en sollicitant son entourage dans la mesure du possible, en allant voir des professionnels dont c’est le métier, on peut vraiment arriver à un déclic, à une étincelle finalement. (…) Donc ne perdez pas espoir et sachez que vous n’êtes pas seul.
Épisode 6 : Solal ou la chute des corps
Sur le divan des arts, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Louis Vendel pour son livre Solal ou la chute des corps paru aux éditions du Seuil dans la collection Cadre rouge. « Tout y est strictement vrai ; ni personnages inventés ni histoires imaginées. Pourtant, on le lit comme un pur roman, au plus proche du réel.
Il y est question d’amitié, d’ivresse et de mouvement. Un récit magnifique, à la juste distance, qui émeut autant qu’il donne à réfléchir. » Éd. Seuil. Ce roman aborde, à travers le voyage tant physique que spirituel, la question des troubles bipolaires.
J’ai un ami bipolaire. Il s’appelle Solal.
Ce livre raconte son histoire. Du jour où je l’ai poussé vers la phase haute la plus terrible de sa vie à sa chute. De sa renaissance aux premières années de son tour du monde à pied. Il décrit la beauté fragile d’un être en proie à des hauts et des bas plus marqués que pour le commun des mortels. Et pourtant pas si différent de nous…
Troubles psychiques
De quoi parle-t-on ?
Les classifications répartissent les maladies mentales par groupes : Troubles de l’humeur : dépression, troubles bipolaires, troubles anxieux : phobies, troubles obsessionnels compulsifs, troubles psychotiques : schizophrénie, psychoses liées par exemple aux toxiques, troubles du comportement alimentaire : boulimie, anorexie, troubles de la personnalité ou troubles du développement : autisme.
Ces maladies se manifestent par une perturbation des émotions, des perceptions, du comportement, du raisonnement ou de la pensée, associée à une détresse ou à des angoisses importantes et à une gêne fonctionnelle plus ou moins durable.
Note d'intention
Sur le divan des arts est une série qui explore les liens entre l’art et les troubles psychiques, la façon dont ils dialoguent, dont ils nous interrogent, dont ils questionnent la société, ses règles et ses normes. Nous sommes partis du constat que la parole autour des troubles psychiques peut être doublement entravée :
- Tout d’abord par le tabou qui existe autour de ceux-ci, mais aussi par la difficulté d’appréhender et d’exprimer par des mots les expériences traumatiques, psychiques et sensorielles qu’ils représentent.
- Casser le silence, lever les obstacles à la parole et rendre ses thématiques accessibles, voici notre ambition à travers cette série de vidéos. Ouvrir le dialogue par l’art, sa pratique et sa diffusion permet de faire un pas de côté, de trouver un autre accès, de nous offrir un autre regard et une façon différente d’aborder les problématiques qui existent autour des troubles psychiques et le vécu des personnes atteintes. Nous sommes partis de là et nous nous sommes demandés ce que l’art a à dire des troubles psychiques et inversement.
- Comment l’art travaille le réel, ses expériences et ses affects, les mets en forme, en image, les sculpte ? Comment l’art appréhende l’indicible et le rend palpable ? Est-ce qu’il est un outil pour exprimer par d’autres moyens que le langage verbal nos affects, nos troubles psychiques ? Les mettre à distance pour mieux les comprendre ? Pourquoi utiliser l’art pour se réapproprier sa maladie, son parcours ? La pratique artistique est-elle une arme ? Un moyen pour rendre les coups à la vie ? Pour créer des moments d’échanges particuliers ? Un acte de survie ? Tout à la fois ?
Citations
C’est quand le destin des personnages filmés rencontre le mien, alors que je me projette imaginairement parmi eux, c’est quand l’horizon indéfini d’une improbable relation soudain se contracte pour devenir ce qui se passe ici et maintenant, dans la salle de projection et dans la durée de la séance, entre des absences tout entières tendues par un pareil désir fou de présence que le cinéma accède à sa plus grande puissance : renvoyer les hommes les uns aux autres. Les renvoyer face à face.
Je n’ai aucune notion en neuropsychologie ou en génétique, je ne peux rien avancer quant aux recherches sur les troubles du spectre autistique ou oser prétendre connaître le sujet, qui s’étale et évolue chaque jour. J’en avais juste marre de voir mon frère comme le Grinch, d’entendre mes parents pleurer chaque soir, et de m’énerver contre une situation que je ne cherchais pas à comprendre sinon à endurer.
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