Baromètre dépression
À l’occasion de l’ouverture des Assises de la Santé Mentale, en partenariat avec l’Union nationale des Familles de Personnes Malades (UNAFAM), la Fondation Pierre Deniker publie un baromètre sur la dépression.
Alors que 10% des Français souffrent de dépression et que 25% en ont déjà souffert, la prise en charge reste insuffisante.
1 Français sur 10 souffre de dépression, mais la maladie ne touche pas de façon homogène les Français : les femmes en souffrent plus que les hommes (13% vs 8% actuellement), de même que les jeunes actifs (25-34 ans, 18%) sont significativement touchés, comme les CSP- (15%) et les personnes vivant seules (14%).
Cette surexposition à la dépression va de pair avec un risque accru de retard dans le diagnostic et dans la prise en charge : 42% des femmes obtiennent un diagnostic plusieurs mois après l’apparition des premiers symptômes (contre 27% pour les hommes), 29% ont une prise en charge après quelques mois contre 15% pour les hommes.
Seuls 33% des patients sont suivis par un professionnel de santé, qui est dans 43% des situations un médecin généraliste, 40% un psychiatre, 33% par un psychologue. Un suivi nettement insuffisant alors que pour près de 63% des patients, la dépression a causé des pensées suicidaires, et a entraîné ou amplifié d’autres problèmes de santé pour 55% d’entre eux. Ce manque de prise en charge pèse surtout sur les 18-34 ans, qui ne sont diagnostiqués qu’à 45% par un professionnel de santé, contre 80% pour les seniors.
Le silence s’ajoute à la souffrance psychique et à la prise en charge insuffisante. Pourtant, la dépression se soigne.
En plus des lourdes conséquences de leur maladie, près de la moitié des personnes actuellement atteintes de dépression n’en parlent pas (46%), et 62% ont l’impression que leur maladie n’est pas comprise par leur entourage. Le constat est similaire chez les soignants : six professionnels de santé sur dix estiment que la dépression est une maladie dont on parle peu (63%), ce qui rend la maladie difficile à aborder avec le patient pour 53% d’entre eux.
Ce silence déforme la perception de la maladie : pour un Français sur deux (51%), la dépression est une maladie dont on ne guérit jamais, tandis que près d’un patient sur trois pense ne jamais en guérir (29%). Pourtant, on guérit de la dépression comme 95% des soignants l’affirment, ainsi que 98% des psychiatres.
L’enjeu clé est humain : 64% des soignants estiment que l’on manque de personnel formé, et la problématique se retrouve chez les aidants, qui doivent soutenir leur proche malade souvent tout seul. 46% des proche sont ainsi épuisés et 63% d’entre eux manquent d’explications et de conseils sur la maladie.
Une situation fragile, que la crise sanitaire accentue.
A l’heure de la crise sanitaire, plus d’un Français sur dix avoue avoir déjà eu des pensées suicidaires (14%). Un chiffre encore plus alarmant auprès des personnes actuellement en dépression (48%) et des 18 à 24 ans (30%). Un constat partagé par les professionnels de santé : pour 85% d’entre eux, le Covid-19 a fait augmenter le nombre de patients et a également nui à leur pratique du soin (rendez-vous annulés, traitements abandonnés…).
La tension s’accentue et deux défis sont donc à résoudre : celui de la prise en charge, et celui du silence.
Une maladie grave qui reste insuffisamment prise en charge.
1 français sur 10
souffre actuellement de dépression
des français faisant ou ayant fait face à la dépression ont ressenti des pensées suicidaires
Et pourtant, seulement 1 personne sur 3 atteinte de dépression est suivie par un professionnel de santé
Malgré l'urgence, le tabou autour de cette maladie reste lourd.
des patients n’osent pas parler de leur dépression
des soignants estiment que l’on parle pas assez de cette maladie
Ce silence aggrave le fardeau de la maladie
La situation s’accentue avec la crise du Covid-19 et appelle à des réponses rapides et fortes