Encadré par le Professeur Gunter Schumann et le Docteur Gabriel Robert, un projet de recherche européen notamment soutenu par la Fondation Pierre Deniker a récemment donné lieu à un article publié dans le American Journal of Child and Adolescent Psychiatry (IF=6.4). Il traite des interactions entre développement cérébral, consommation de cannabis et expériences psychotiques.
Objectif : La consommation de cannabis pendant l’adolescence est considérée comme un facteur de risque pour les expériences de type psychotiques et la schizophrénie. Cependant, les processus de développement du cerveau associés aux expériences psychotiques liés au cannabis restent mal décrits.
Méthode : Un total de 706 adolescents issus de la population générale ont été recrutés par le consortium IMAGEN ont fait des IRM (imagerie par résonance magnétique) à 14 et à 19 ans. Grâce à une technique de morphométrie basée sur les déformations du cerveau, les chercheurs ont cartographié les changements entre deux points temporels, en utilisant l’hypothèse des paires minimales (Pairwise algorithm) dans SPM12b. Ils ont défini une région d’intérêt a priori axée sur l’hippocampe/parahippocampe pour effectuer des régressions linéaires par voxel. La consommation de cannabis au cours de la vie a été évaluée à l’aide du projet européen d’enquête scolaire sur l’alcool et les autres drogues (ESPAD), et les expériences psychotiques ont été évalués à l’aide de l’outil d’évaluation CAPE (Comprehensive Assessment of Psychotic-like experiences). Ils ont d’abord testé si le développement de l’hippocampe/parahippocampe était associé aux expériences psychotiques. Ensuite ils ont formulé et testé un modèle de médiation a priori simple dans lequel ce développement médiatise l’association entre la consommation de cannabis au cours de la vie et les expériences psychotiques.
Résultats : Les expériences psychotiques ont été associées à une expansion réduite dans une région spécifique de la formation de l’hippocampe droit/parahippocampe, les uncus (p = 0,002 au niveau de l’amas, p = 0,018 au niveau de pointe). Le modèle de médiation simple et partiel a révélé un effet total significatif d’une consommation de cannabis prolongée sur les expériences de type psychotiques, ainsi qu’un faible effet indirect mais significatif sur le développement de l’uncus.
Conclusion : Les chercheurs mettent en évidence le développement structurel impliqué dans la base cérébrale des expériences de type psychotiques chez un échantillon d’adolescents en bonne santé.